Depuis toujours, le rêve d’Alexandre Castagnetti était de faire de la musique et du cinéma. Pari gagné, le réalisateur du film L’École est à nous, qui sort mercredi 26 octobre au cinéma, a en effet réussi son parcours scolaire, jusqu’à ses études supérieures dans une grande école.
Alors l’école, justement : une affaire classée pour ce fils d’enseignante ? Comme s’il était besoin d’interroger son propre itinéraire, Alexandre Castagnetti évoque la résurgence soudaine de ses souvenirs d’enfance au moment d’écrire le scénario. Dans le dossier de présentation du film, il raconte : « Je me suis toujours questionné sur ce que j’avais réellement appris lors de ce parcours et j’ai réalisé, en échangeant avec d’anciens camarades, que ce que nous avions le mieux intégré était le fruit d’une démarche autodidacte. J’ai, par exemple, appris à jouer du piano, à écrire des histoires ou à me servir d’une caméra tout seul.
Ce qui me reste de l’école, au fond, ce sont les copains, les voyages scolaires et certains professeurs mémorables qui ont provoqué des déclics dans certaines disciplines. J’ai pris conscience que lors de toutes ces années, c’est surtout ma mémoire immédiate qui a été sollicitée, et que ma culture s’est forgée essentiellement en dehors du système scolaire. Évidemment, on apprend à travailler et à structurer une pensée en cours, mais on passe un temps certain à s’ennuyer aussi, et je trouve ça dommage. »
Dans L’École est à nous, Virginie Thévenot est une jeune prof de maths. D’emblée, on comprend qu’au moment où elle vient prendre son poste dans ce nouveau collège, elle n’est pas remise d’un traumatisme. Du fait de ce drame qu’elle a vécu en enseignant en classe prépa, elle réalise que faire la classe par l’autorité et la menace ne mènera nulle part sinon à l’échec, tant pour elle que pour ses élèves. Il faut donc changer de méthode. Comment ? En s’appuyant sur la créativité des jeunes et leur mise en confiance. Alors malgré la frilosité de son chef d’établissement interprété par Jean-Pierre Daroussin qui incarne à lui seul tous les dysfonctionnements et points de blocage de l’Éducation nationale, Virginie innove : profitant d’une grève générale, elle tente une expérience hors du commun avec un petit groupe d’élèves. Son pari :les laisser faire ce qu’ils veulent…
Que va-t’il se passer ? Pour connaître la fin de l’histoire, il va vous falloir aller voir ce film formidable !
Quels sont les inspirateurs d’Alexandre Castagnetti ? Un indice est posé dès la première image du film où l’on voit, sur le bureau de Virginie Thévenot, une pile d’ouvrages : François Taddéi, Jacques Rancière et Daniel Pennac… Pour François Taddéi, de fait, ce film est davantage qu’une comédie : « C’est une allégorie, inspirée par l’École démocratique et l’École dynamique, qui existent bel et bien,une utopie réaliste… Ce qui est donné à voir n’existe pas que dans ce film, il suffit d’aller pousser les portes des endroits où cela fonctionne. »
Enseigner, serait-ce alors ne jamais cesser de réfléchir aux méthodes qui marchent ? Quoi qu’il en soit, Alexandre Castagnetti ne veut pas renoncer à bouger les choses : « J’ai toujours eu la conviction qu’il fallait imaginer de nouvelles utopies pour faire progresser notre société, des prophéties « autoréalisatrices ». Et quand on pense au monde qu’on aimerait voir s’incarner, on commence par ce qui concerne nos enfants. J’en ai deux et penser à eux m’a donné l’élan pour écrire L’École est à nous. »
Au cinéma le mercredi 26 octobre.