Créer du lien social, apprendre de soi et des autres, offrir une deuxième chance… C’est l’esprit du Festival LearningPlanet qui célèbre les initiatives suscitant espoirs et échanges de bonnes pratiques. Le Social Bar, « laboratoire de la convivialité » a été créé en 2016 avec cette même philosophie : comment faire pour que des personnes qui ne se connaissent pas osent se parler ?
Ces experts en création de lien social en ville nous donnent à boire et à manger, ils forment des jeunes décrocheurs éloignés de l’emploi, conseillent les entreprises et reversent une partie des recettes au monde associatif. Ambition affichée, « renforcer les garde-fous contre l’isolement, la déprime et les fractures sociales ». Le recours à la validation des acquis de l’expérience (VAE) permet aux équipes du Social Bar de mettre en œuvre de nombreuses actions en incluant toujours davantage de personnes.
2 Questions à David Rivoire, co-fondateur avec Renaud Seligmann du Social Bar
En quoi la VAE est pour vous un vecteur puissant d’inclusion sociale ?
La VAE, qui existe depuis 2002, permet de transformer son expérience en diplôme. Elle est donc par essence un mécanisme de réparation sociale pour les nombreux autodidactes qui ont emprunté des chemins de traverse sans passer par la case diplôme, sans que cela ne les empêche de réussir dans leur domaine. Par ailleurs, le principe posé par la VAE, apprendre en faisant, a été confirmé dans la loi de 2018 avec l’instauration de la Formation En Situation de Travail (FEST).
On peut donc imaginer aujourd’hui des parcours d’accès à un emploi pérenne passant par des formations ayant lieu directement dans les entreprises, en situation de travail… avec un diplôme à la clé, obtenu par cette expérience. C’est le principe de VAE inversée, qui ouvre de multiples possibilités complémentaires au système existant en s’adressant notamment aux jeunes en échec scolaire, ou aux demandeurs d’emploi longue durée qui n’ont pas envie de repasser par la formation théorique pour accéder à un emploi.
Racontez-nous l’esprit de la démarche du Social Bar et donnez-nous une idée de votre retour d’expérience.
Au Social Bar, nous avons inventé un métier : agent de convivialité, personnel chargé d’accueillir et de gérer les interactions avec les clients, voire de créer et animer des événements. Initialement, ces personnes exerçaient dans nos établissements.
Puis on nous a demandé de les faire intervenir dans d’autres contextes : événements d’entreprise, animation de l’espace public, hypermarchés, gares, restaurants, maisons de retraite, etc.
Nous avons donc créé L’école de la convivialité dont l’objectif est de former des agents de convivialité d’une part, des personnels en poste afin de travailler sur leur posture conviviale, d’autre part.
Étant une Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale, il nous a rapidement paru évident que ce métier – et les compétences qu’il apporte – permet de mettre en place un mécanisme de réinsertion. Nous avons donc initié un parcours spécialisé en contrat de professionnalisation, avec comme pédagogie principale la formation en situation de travail, ainsi qu’une option diplômante par la VAE via un Bac Pro Métiers de l’accueil. Et cela fonctionne ! Nous en sommes à la 2ème promotion et les retours sont enthousiasmants. Seul bémol : les blocages juridiques et administratifs. Néanmoins, la dernière réforme de la VAE est prometteuse pour simplifier la démarche. À suivre !